Pendant la crise du Covid-19, Avaguea demande à différents rédacteurs web et blogueurs du secteur leur ressenti sur la situation et l’impact sur le secteur de la croisière.
Aujourd’hui, nous vous proposons l’interview de David, blogueur du site internet Un Océan de Voyages, aussi présent sur Facebook.
Le ressenti actuel
En quelques mots, qu’est-ce que t’inspire ce qu’il se passe actuellement dans le domaine de la croisière ?
David : « J’ai envie de parler plus largement en évoquant l’industrie du tourisme en général dont les croisières font partie. La situation est réellement catastrophique pour le secteur qui ne voit à ce jour toujours pas le bout du tunnel.
L’industrie des croisières génère énormément d’emplois directs mais également indirects qui sont aujourd’hui en danger. Il est cependant évident que les compagnies de croisières n’avaient pas d’autres solutions que d’interrompre leurs activités dans cette crise mondiale sans précédent.
J’ai réellement un sentiment de tristesse profond mais aussi de compassion en pensant à tous les membres d’équipage, les agents de voyages, le personnel au cœur des chantiers navals et tant d’autres qui aujourd’hui se retrouvent sans emploi ou dans des situations précaires. »
Tu es grandement présent sur les réseaux sociaux. Ressens-tu, dans ce que tu lis, un impact sur le ressenti des gens ?
David : « C’est une évidence que cette pandémie a fortement impacté négativement l’image des croisières déjà mise à rude épreuve ces derniers temps vis-à-vis de leur empreinte écologique.
Avec l’arrivée de ce virus, beaucoup d’habitués de ce mode de vacances songent à se tourner vers d’autres formules touristiques plus sécurisées à leurs yeux, comme des hôtels clubs par exemple. D’autres estiment qu’il faudra repartir le plus vite possible pour aider les compagnies à sortir la tête de l’eau. Enfin, certain restent vigilants sur les informations données par les compagnies dans la gestion de cette crise afin d’éventuellement se positionner et envisager ou non de repartir en croisière.
Quoi qu’il en soit, la situation sanitaire actuelle génère énormément de commentaires et de prises d’opinion sur les réseaux sociaux avec des échanges parfois virulents sur certains forums, ce que je ne cautionne vraiment pas. Je pense que chacun a le droit de suivre son opinion personnelle : pour ma part, je souhaite avant tout que cette crise sanitaire s’estompe et que toutes les conditions soient favorables pour que je puisse repartir en croisière sereinement. »
Le traitement médiatique
Une nouvelle fois, la croisière a fait la une de la presse, était-ce pour toi justifié ? As-tu trouvé cela assez objectif ?
David : « Très clairement, l’industrie des croisières a été montrée du doigt dès le début de cette crise sanitaire notamment avec le cas du Diamond Princess : avec presque 4 000 personnes à bord, ce bateau est resté en quarantaine tout le mois de février au large des côtes japonaises. Le nombre de cas y a culminé à plus de 700 pour une dizaine de morts confirmée. Il a fait la une des médias durant de nombreux jours alimentant la polémique sur toute l’industrie des croisières. Vous avez là tous les éléments requis pour faire l’amalgame entre croisières et coronavirus : un mélange dangereux.
Mais objectivement, si les croisières se sont retrouvées sur le devant de la scène, c’est sans aucun doute car ce mode de vacances séduit de plus en plus de monde et suscite le rêve et le dépaysement mis à mal avec cette pandémie. Et cela fait vendre et intéresse les auditeurs de suivre la quarantaine d’un paquebot et de ses passagers de jours en jours, c’est comme une sorte de télé-réalité inappropriée et malsaine.
Je pense réellement que les médias ont surévalué le nombre de reportages en lien entre les croisières et le coronavirus en diffusant parfois des informations erronées, inadaptées et injustifiées. »
Les mesures prises
Les compagnies ont-elles tardé selon toi à mettre en place des mesures particulières face à l’épidémie ? As-tu trouvé tout ce qui a été mis en place suffisant ?
David : « N’oublions pas que cette pandémie est surréaliste et inattendue. La majeure partie des compagnies de croisières ont suivi les recommandations de l’OMS et des organismes de santé territoriaux. Les dispositifs de prise de température à l’embarquement, de nettoyage obligatoire des mains à bord, ont été mis en place dès le début de cette crise sans précédent. Selon moi, les procédures sanitaires pour éviter la propagation du Covid-19 sur les bateaux ont été mises en place au fur et à mesure que les autorités sanitaires l’exigeaient, sans préavis et avec énormément de réactivité.
J’étais à bord du Costa Smeralda pour sa dernière semaine de rotation en Méditerranée avant son immobilisation. Les procédures sanitaires à bord étaient exemplaires et particulièrement rassurantes. A aucun moment, je ne me suis senti en danger d’exposition au virus, tout du moins pas plus que dans des espaces accueillant du public comme un supermarché par exemple. Après il est facile de dire a posteriori qu’il aurait fallu faire autrement. Personnellement, je considère que l’industrie des croisières a su répondre à l’inquiétude de leurs passagers en proposant des solutions adaptées au développement de l’épidémie. »
L’après Covid-19
Comment penses-tu que l’industrie va remonter la pente ?
David nous donne son avis sur la crise actuelle
David : « Le premier mot qui me vient est : difficilement. Il va falloir repenser la façon d’opérer les croisières dans le monde. Comment les croisiéristes vont-ils pouvoir s’adapter aux nouvelles normes sanitaires, notamment la distanciation sociale, pour redémarrer ? Comment faire pour rassurer des passagers qui vont forcément hésiter à embarquer ?
Je n’ai pas les réponses à ces questions mais c’est en tout cas sur ces sujets que les compagnies vont devoir se pencher pour (re-)séduire de nouveau leurs passagers. Les mesures de prévention sanitaire ont toujours fait partie des croisières, il faudra néanmoins les accentuer.
La vraie question reste la distanciation sociale qui aura bien du mal à être appliquée sur ces bateaux où la concentration humaine est très forte. Il me semblerait judicieux que les compagnies travaillent main dans la main pour proposer à leurs passagers des nouveaux protocoles homogènes afin de rassurer la clientèle. »
Concernant l’industrie de la croisière, penses-tu qu’il y a des leçons à tirer de cette crise ? Lesquelles ?
David : « En tant que blogueur croisières et voyages, je ne pense pas être en mesure de donner des leçons à quiconque dans la gestion d’un tel événement. Néanmoins, je pense que certaines compagnies auraient dû communiquer différemment avec leurs clients, avec plus de transparence.
En tout état de cause, l’arrêt du secteur des croisières va introduire de nouvelles procédures sanitaires mais également fonctionnelles à bord. Et je pense qu’il faut également admettre que notre façon de voyager ne sera plus jamais la même qu’auparavant. Je suis totalement partisan des voyages plus éco-responsables et je suis persuadé que cette crise sanitaire orientera énormément de passagers dans ce sens, en voyageant sur des unités plus petites et plus respectueuses de l’environnement.
La grande leçon à tirer de cette crise est indéniablement de remettre en cause notre façon de voyager. »
Une prochaine croisière de prévue ?
David : « OUI ! Une croisière en famille en décembre à bord du Costa Smeralda. Mais j’espère pouvoir en faire une avant dès la reprise des activités. »